Ce n'était pas la bonne carte.
Cela faisait trois fois que Gouridan tirait une carte, et ce n'était pas celle qui aurait dû sortir.
Il ne savait pas ce que Tito, son assistant, avait foutu avec ces satanées cartes, mais Gouridan s'était douté que la préparation de ce soir n'était pas du niveau de ce que faisait Tito habituellement.
La virée de Tito avec ses amis n'avait pas reçu l'assentiment de Gouridan, mais bon, Tito devait bien sortir de temps en temps. Gouridan ne pouvait pas emprisonner Tito dans le cirque sans le laisser respirer.
Tito travaillait bien et il avait le droit de se détendre. Ce que ne supportait pas Gouridan c'est que ces distractions influaient sur le spectacle.
Ce n'était pas dramatique, Gouridan pouvait rattraper le coup, mais il aimait bien que tout se déroule comme prévu, même si ses capacités lui permettait de rattraper pratiquement n'importe quelle bourdre dans son spectacle.
Les spectacles du Cirque de Tavalio, son père, devaient garder un niveau de qualité sans reproche. La troupe générait suffisament d'à priori négatifs dûs aux origines de ses membres. Seule la qualité des spectacles et leur réputation toute relative, permettait au Cirque de s'installer encore pratiquement dans toutes les villes dans lesquelles il souhaitait arrêter ses caravanes.
La vie des tziganes hongrois était difficile. Il ne fallait pas faire de faux pas. La réputation du cirque devait être impeccable. Sinon, il était impossible de procéder aux activités annexes.
-*As de coeur*, Gouridan avait pris la bonne carte, celle dont il avait besoin pour terminer le tour. La bonne carte n'avait pas été celle du dessus, mais celle que Gouridan avait "vue".
Après la divinitation de l'identité de 3 spectateurs, la subtilisation du portefeuille de 2 autres personnes, le tir à l'arbalète façon Guillaume Tell avec les yeux bandés et la tête à l'envers, le tour de cartes terminait le spectacle de Gouridan.
Après les applaudissements, il devrait parler à Tito.