BG de joe l’arsouille
Un enfant abandonné. Une mère n'acceptant pas le mal qui était en elle, et qui, probablement, ferait de son fils un monstre également. Abandonnée sur le seuil d’une riche famille. Découvert puis négligemment déposé dans une benne à ordure deux rues plus loin. Recueilli pas la DASS je m’isolais totalement des autres enfants. Ne connaissant pas le jour de ma naissance, les assistantes se basèrent sur mon jour d’arrivée. Lors de mon cinquième anniversaire je m’évadais. Après tout s'enchaîne… J’erre dans la ville. Je suis recueilli par une grand-mère, à qui je vole un sac et sa réserve de sucre. Je vivote en me cachant pendant quelques mois et suis recueilli par des SDF. Ils sont agréables avec moi. Ils se servent de moi. Puis je ne leur rapporte plus assez vers mes huit ans. Un inconnu, nouveau du quartier, m’approche une fois. La seconde lui fera connaître ma lame. Je m’acharne sur lui encore et encore, épargnant ce jeu de carte qui l’avait fait me rencontrer. J’avais vu ses tours une fois. Je saurai les refaire. Je savais les refaire. Je sais le jeu. De nombreuses magouilles de « hasard », des centaines, des milliers de cartes, mais toujours mon premier paquet près du coeur. Je vois et j’analyse le chaland. Tantôt une proie, tantôt un pigeon. Je deviens un maître. Hors pair, je mange bien. Il m’arrive d’aller à l’hôtel, par effraction. J’ai treize ans et je suis un homme. Trop grand pour mon age, et trop maigre pour ma taille. J’organise des courses de rats et de cafards. Jack pot. On me remarque, et un bon passage à tabac me fait apprendre l’humilité et la discrétion. Je continue et gagne assez pour exister, sans pour autant être remarqué. Je découvre les courses. J’arrive à miser sur le bon cheval près de 7 ou 8 fois sur 10. Simplement en les regardant. En ayant vu leur deux dernières courses, j’approche de 9 sur dix. Mais je ne joue pas ici. Trop de monde, trop dangereux. Et puis les gens qui m’y ont amené ne m’y autoriseraient pas. Je repere juste les tricheurs, les voleurs, les flics, oui, surtout les flics. Je connais de plus en plus de monde dans le milieu, dans tous les milieux. Je suis sale et je les répugne, ils se servent de moi, du moins ils le croient. Je tire les ficelles tout aussi bien que les cartes. A quinze ans, contre de la bonne bouffe je les aide au casino, à la vidéo. J’ai vu la roulette, le black jack, le poker, et tous les autres. Je les ai vu et je les sais. Il n’y a que le bandit manchot dont je ne sais rien, que je ne saisi pas. Ils se foutent de moi pour l’argent, je ne sais pas compter, je ne sais pas lire. Ils m’utilisent ; je m’en vais. Je m’échappe plutôt. Ils croient que je vais les dénoncer… quelle connerie. Mais ça fait son chemin chez moi. Je ne suis pas ce sentier là.
J’ai vu des personnes sur les écrans. Des politiques, des acteurs. J’ai vu leurs voitures, la terre qui collait à leurs roues. Je les sais eux aussi. La ou ils mangent je mangerai. Ils jettent, je récupère. Ils vivent et j’en vie. Il n’y a que les trop pales dont je ne m’approche. Plus manipulateurs que je ne le serais jamais. Jamais. Méfiance.
J’ai dix sept ans, et je sais le monde qui m’entoure. Je sais la rue. Je sais le vermine qui y grouille, et les oies blanches qui s’y baignent et s’en repaissent. J’ai mes lieux, mes cartes, mes taudis, mes filles. Et ceux qui s’approchent trop disparaissent… sans traces, tout comme moi…