- Oui c'est un four à micro-onde ... non madame, les télés sont dans le fond du magasin ... c’est pas grave y'a pas de mal.
Après avoir redirigé la cliente pas très futée Jérome s'apercevant qu'il était 19H se dirigea vers le vestiaire des employés pour quitter son uniforme.
*enfin je vais pouvoir rentrer, comme tous les vendredis cette journée n'en finissait plus*
Une journée comme les autres se terminait pour Jérome, une journée passée à conseiller les clients qui venaient à Darty pour acheter un frigo ou une machine à laver. Pas très reluisant comme emploi mais la nécessité faisant loi, il devait bien faire un travail quelconque pour vivre. Peut-être que s'il n'avait pas planté ses études d'arts Jérome aurait pu se trouver un meilleur boulot. Mais voilà, bien qu'il aimait dessiner Jérome était trop énergique pour rester assis des heures, il avait besoin de bouger et de parler donc les études c'était pas pour lui. Pour son demi-frère oui, Olivier avait brillamment passé son doctorat de biologie moléculaire et il travaillait maintenant pour le CNRS. Un an que sa mère lui cassait les oreilles avec ça : "Olivier ceci, Olivier cela ..."
*toujours plus futé que tout le monde à l'en croire*
Du coup Jérome avait laissé sa mère à Orléans où travaillait Olivier, et il était parti s'installer dans le sud, loin de sa Bretagne natale où il n'habitait plus depuis bien longtemps.
Une fois changé, Jérome quitta le magasin et alla récupérer sa moto au parking, une Suzuki 650 Freewind de 1998. L'air du soir commençait à tomber, ce qui est agréable en été alors qu'il fait 40° à l'ombre dans la journée. Quoique dans le magasin qui était climatisé Jérome ne souffrait pas trop de la chaleur ... Il fit vrombir la bête quelques secondes avant de démarrer en trombes. Quittant le Darty d'Aix - Les Milles, il emprunta l'autoroute 8 direction Cavaillon où il allait rejoindre son pote Hervé qui devait l'attendre au garage de Joe.
25 mins plus tard la Suzuki déboula dans le garage à motos de Joe. Joe en était le propriétaire depuis 20 ans, sa clientèle était surtout faite d'habitués. Hervé travaillait dans ce garage depuis 2 ans, il avait eu ce job par une relation du cousin de l'oncle de la concierge de etc. En arrivant Jérome tomba d'abord sur Joe.
- Oh Gégé ! Comment tu vas ?
Jérome serra vigoureusement la main pleine de cambouis qui lui était tendue.
- Ca va ! et ton garage ?
- Il tourne doucement en ce moment, heureusement qu'il y a Hervé pour me donner du boulot. Il a encore pété sa bécane contre un trottoir en venant ce matin.
- Ouais il m’a dit ça à midi.
- C'est pas ma faute cette fois ! Un abruti a déboîté sans mettre son cligno. Salut Gégé. Mon pot d'échappement est complètement plié et Joe n'en a plus en stock.
- Et ben heureusement que je suis là pour faire le taxi.
- T'inquiète pas tu l'auras lundi ta bécane, j'ai téléphoné à Gislain il a un pot pour elle. Mais bientôt il faudra écumer les antiquaires pour lui trouver des pièces. En la vendant à un musée tu en tirerais plus qu'en occasion.
- Arrête de la taquiner, elle se fait vieille mais elle peut encore rouler quelques années.
Une autre moto pénétra dans le garage.
- T'as un client je crois. Bon Joe je te dis à lundi et ciao.
- A lundi Boss !
- Bonne soirée les jeunes.
Hervé mis son casque et enfourcha la moto derrière Jérome. La Suzuki mit le cap vers Apt où Jérome et Hervé partageaient un appart en collocation, les temps sont durs pour les démonstrateurs magasin et les mécanos ...
Jérome était pressé de rentrer, il accéléra au-delà de la limitation, non qu'il avait un rendez-vous quelconque mais il avait juste hâte d'être en WE. Car comme tous les WE Hervé et Jérome allaient partir faire de l'escalade.
C'était devenu comme un rituel, chaque fois qu'ils le pouvaient ils partaient à l'assaut des sommets. Jérome s'était essayé à tout un tas de sports : course d'orientation, athlétisme, basket etc ; et c'est par hasard qu'il avait découvert l'escalade. Très vite il en est devenu adepte et c'est en pratiquant ce sport qu'il a rencontré Hervé avec qui il partage depuis sa passion de l'ascension des falaises escarpées et des pics imprenables.
Mais si Jérome était particulièrement excité ce soir c'était parce qu'on était en juillet et qu'approchait la date de ses congés annuels qui allaient lui offrir ainsi qu'à Hervé 2 semaines de virée dans les calanques marseillaises ...