Nina marchait le long de la rue montante qui menait à l’hôpital central de Bahia. En ce jour de fête où les croyances se mélangeaient, Nina repensait au sens de sa vie. Sa mère une grecque volcanique qui lui avait donné son nom, lui avait toujours dit la vérité sur ses origines et ne lui avait jamais caché que son père ignorait tout de sa naissance. Tout ce qu’elle savait de lui, c’était qu’il était français, c’est pour cela qu’elle avait appris la langue, pour pouvoir un jour lui parler…Mais ses pensées matinales venaient aussi du fait qu’elle venait de recevoir sa lettre d’admission à la faculté de médecine de Marseille. Une aubaine pour tenter de devenir médecin. Mais ça signifiait quitter sa famille, ses amis, son insouciante vie de jeune fille. Mais que diable, à 20 ans, il était temps de sortir de son cocon.
Pleine d’une nouvelle vie dans sa tête, Nina arriva tôt à l’hôpital.
-Ca tombe bien ! Lui lança Alexandro son ami de toujours. Y’a foule aujourd’hui, avec la fête des pêcheurs, Lemandja à toujours autant d’adeptes… Quand je pense qu’on est là au lieu de faire la fête, en plus, celui qu’on appelle le Fléau est arrivé ce matin. Tu sais celui qui a tué toutes ces filles…
Nina ne releva pas et commença à enfiler sa blouse d’infirmière stagiaire.
-Allez secoue-toi, on nous attend…C’est la bourre ce matin…
La jeune femme suivit son ami aux urgences. Comme d’habitude c’était la panique, des corps allongés par-ci par-là, des infirmiers, docteurs, brancardiers,…qui s’affairaient tels des abeilles dans une ruche. L’interne de service indiqua à la jeune femme un lit où se trouvait un enfant qui avait un bras cassé. Elle commença à faire son bandage quand un homme bondit soudainement hors de son lit et sauta dans sa direction. Surprise, elle ne comprit pas tout de suite ce qu’il se passait mais dans la seconde qui suivit, elle comprit qu’il venait de la prendre en otage, la tenant par les épaules et la forçant à se lever. Elle n’opposa aucune résistance et les membres du service ainsi que deux policiers présents pour l’accompagner semblaient complètement tétanisés. La seule arme de l’homme était son bras qu’il enserrait autour de son cou. Etrangement, elle n’avait pas peur, en se levant, elle avait attrapé la paire de ciseaux qui devait lui permettre de couper le bandage de son petit malade.
Il resserrait son étreinte lançant à qui voulait l’entendre que si on ne le laissait pas fuir, il tuerait la fille… Nina sentait une étrange colère monter en elle, quelque que chose d’étrange et en même temps effrayant.
Mais la jeune femme, dans un élan de ce sentiment qu’elle éprouvait, planta, dans la jambe de son agresseur, la paire de ciseaux. Le hurlement qui s’ensuivit lui procura une espèce de jubilation terrifiante. Elle se dégagea de l’étreinte forcée et envoya un coup de pied sur l’homme déjà éprouvé. Tout alla ensuite très vite, les policiers le menottèrent afin que les docteurs finissent leur office dans de meilleures conditions, Alexandro s’occupa de Nina qui ne semblait pas le moins du monde traumatisée par l’aventure mais qui voulait boire une tequila ou quelque chose de similaire du moment que ce fût fort…
Les jours qui suivirent passèrent à vive allure et les préparatifs du départ étaient fins prêts. Nina embarquait donc pour une nouvelle vie, en France…