Enlèvement de Erika Senja

Conteur

La porte finit par s'ouvrir alors qu'une voix de vieille mégère surgit de l'interphone

-Ca va! Ca va!! J'ouvre...

Une fois arrivée dans l'entrée, Erika vit que tous les ascenceurs étaient bloqués au dixième étage. Il fallait donc qu'elle monte les étages par les escaliers! L'ascension sera longue et difficile...
La jeune femme prit un instant de réflexion, elle serait en haut bien avant quelconque pompier ou policier. Elle ouvrit donc la porte qui menait vers la cage d'escalier et mit son pied sur la première marche, c'était le début de l'ascension.

Le souffle court elle leva la tête et vit que le prochain palier était bien le dixième étage. Elle ouvrit la porte qui menait sur l'étage, il ne restait plus qu'à trouver le bon appartement.
Aujourd'hui la chance lui souriait, après avoir déterminé l'étage à l'aide des ascenceurs, le destin lui montrait une porte ouverte. Elle put se diriger à l'intérieur des lieux. C'est à croire que le destin était bien clément, les choses paraissaient trop faciles, une grande baie vitrée, ouverte, et par là arrivait une voix qui criait

-N'appelez pas la police ou je saute!!!

La voix était puissante, déterminée.

Erika soupira, attrapant une chaise par son dossier. Décidément l'ensemble restait bien simple. Elle croisait rarement des appartements vides et grand ouvert sans réaction aucune. La police aurait dû être là depuis longtemps. Ou tout du moins un médiateur en civil. La jeune femme espérait juste qu'elle ne se mettrait pas dans les ennuis jusqu'au cou...

*Parce que pour l'instant j'en suis qu'à mi-poitrine...*

Elle traîna la chaise jusqu'à la fenêtre, faisant volontairement du bruit afin qu'il puisse identifier ce qu'elle faisait. Elle posa délicatement la chaise sur le balcon, faisant en sorte de la mettre non loin de la rambarde où était l'homme puis pencha précautionneusement la tête à travers la porte-fenêtre, dans la direction d'où lui était parvenue la voix

-Ok... On reste entre nous, mais je peux m'asseoir au moins?

Elle s'avança doucement, contournant la chaise par l'autre coté et finit par s'y asseoir, calant ses jambes sur la rambarde d'en face

-Au fait moi c'est Erika, enchantée... Alors? J'imagine que tu t'appelles pas Icare. On peut savoir d'où te vient cette si soudaine envie de faire copain copain avec les oiseaux?

Mine de rien Erika avait fait en sorte d'être au plus proche sans pour autant "gêner" le suicidaire. Mais au moins espérait-elle pouvoir le ratrapper s'il lui prenait l'envie de sauter.

Conteur

L'homme tourna légèrement le visage vers Erika, ce qui lui permit de voir le visage du voltigeur potentiel. Elle put voir qu'il avait les cheveux longs, blonds et attachés en catogan, tout comme la jeune femme. Ses yeux étaient bleus et laissaient transparaître la détermination et le calme qui régnaient en lui. Son visage n'était ni en lame de couteau ni taillé dans la pierre, plutot un mix entre les deux. Le tout posé sur de solides épaules et un corps athlétique. Erika aurait certainement du mal à le retenir d'une simple main s'il se décidait à sauter. Il devait bien faire son petit mètre 95 et ses bons 95 kilos de muscles. Il portait un tee-shirt noir à l'effigie d'un groupe allemand, Rammstein fort probablement, ainsi qu'un pantalon de cuir noir, ses chaussures étaient probablement des rangers de l'armée allemande.

L'homme changea de position en voyant la jeune femme, il se tenait désormais des deux mains au balcon d'Erika, le cul posé sur celui auquel il se tenait plus tôt à l'aide de sa main droite. L'altitude ne le gênait guère et après avoir observé et certainement jaugé Erika, il se permit ces quelques mots:

-Bonjour mademoiselle, j'espère que vous n'êtes pas venue là pour me retenir d'accomplir le dernier exploit de ma vie?

Erika laissa ses pieds tomber au sol et se tourna vers le blond. Il ne ressemblait pas aux suicidaires classiques, tremblotant et cramponnés à une rambarde. La jeune femme eut une légère sueur froide de voir autant de détermination dans ce regard bleu.
Elle lui sourit tout de même et croisa ses jambes

-Ah sûr que ça va faire parler de vous... Que ce soit dans les journeaux que chez les psys de ces braves gens.

Elle se leva, s'approchant de la rambarde pour s'y caler, bras croisés dessus. Elle avait fait en sorte de ne bouger que de manière douce, sans qu'il croit qu'elle allait se jeter sur lui pour le retenir

-Je peux? Je doute que je puisse vous retenir d'une quelconque manière physique... Je veux pas vous véxer mais vous avez l'air sacrément lourd!!

Elle lui sourit, penchant la tête dangereusement vers le bas, étant grande il ne lui suffisait que d'une petite impulsion pour faire le tour de la rambarde

-J'ai pas vu de papier explicatif... Et je pense pas que vous serez très locace une fois en bas... Alors? Hormis une gloire posthume? Qu'est-ce qui vous a mené ici?

Conteur

-Rien de très inhabituel, me suis fait virer de mon boulot ce matin du coup ma femme est partie avec les deux gamins. Enervé j'ai pris la voiture et j'ai reculé sur mon chien et du coup on m'a enlevé mon permis parce qu'au passage j'ai embouti une voiture de flics. Pour me remonter le moral je suis allé voir ma grand-mamie, celle qui m'a élevé, à l'hôpital. Une fois rentré dans la chambre j'ai trébuché et je l'ai débranchée sans faire exprès en tombant!!

Il montra le balcon d'un signe du menton.

-Donc c'est pour ça que je suis là, je ne veux plus faire de mal à personne et c'est pour ça que je dis à ces grands couillons en bas de se lever.

L'homme avait dit tout cela avec le calme le plus olympien.

Erika le regarda dans les yeux avant de retourner son regard vers le trottoir.

-En effet, vous avez dû connaître de meilleures journées...

La jeune femme désigna le sol d'un mouvement de la tête, se penchant dangereusement.

-Ils sont mal partis pour se lever et je doute que vous préserviez beaucoup de monde en vous jetant de ce balcon. Non seulement votre femme va se sentir coupable et vos enfants n'auront plus du tout de père, et je ne vous parle pas du fait qu'on vous traitera de lâche face à eux...

Elle le regarda dans les yeux, froide.

-Pour quelqu'un qui ne veut plus faire de mal à personne vous êtes mal barré. Parce que pour être passée par en bas je peux vous dire qu'il y a un certain nombre d'âmes fragiles, d'enfants. Vous pensez quoi? Que vous allez les protéger en vous écrasant la gueule au sol? Je crois plutot qu'ils vont être plus que traumatisés, détruits mentalement...

Elle haussa les épaules.

-De mon coté je risque de glisser en essayant de vous rattraper et de finir en bas aussi... Sinon j'aurai des ennuis, encore, avec la police.

Elle le jaugea.

-Marrant, avec votre bouille et votre carrure, j'aurais pu croire que vous seriez un battant, surtout pour montrer l'exemple à vos enfants...

Conteur

Le suicidaire la regarda dans les yeux.

-Encore avec la police? Cela signifie-t-il que vous avez déjà eu des problèmes?

L'homme resta songeur quelques instants.

-Vous avez peut-être raison. Ce n'est peut-être pas de la sorte que je mette fin à mes jours. On va dire une chose, si vous arrivez à me faire sourire dans la prochaine demi-heure où vous me raconterez vos petits soucis avec la police, j'accepterai de revenir sur ce balcon et je vous inviterai même à manger au resto ce soir avec les derniers sous qui me restent... Je vous écoute donc, il ne vous reste plus que 29 minutes avant que je saute ou pas.

Erika leva un sourcil interloqué. Non pas qu'elle fût constamment d'un calme olympien mais la situation présente commençait à la faire doucement paniquer... Le faire rire? Ah certes c'était peu commun... Surtout pour elle, elle n'avait pas l'habitude de faire rire les gens ainsi, surtout à la demande et en parlant de ses propres problèmes.

-Mes ennuis... Avec la police... Qu'avec la police?

Elle lui fit un sourire complice.

-Non parce que je vais vous expliquer comment je me suis retrouvée sur ce balcon. Parce qu'il faut pas croire, je m'appelle pas Madame Soleil, je suis pas descendue de Paris juste pour vos beaux yeux.

Elle s'installa un peu mieux sur sa rambarde.

-En fait mon grand truc, pour me foutre dans la merde jusqu'au cou la plupart du temps, c'est d'éplucher les journeaux et d'essayer d'aider les gens qui en ont besoin.

Elle ouvrit en grand son manteau, dévoilant un top mettant ses "atouts" en valeur sous une veste à capuche noire, ainsi qu'un jeans.

-Par contre on peut noter que la panoplie de super héros a pas été livrée avec la folie justicière...

Elle se réajusta dans sa veste.

-Et je peux jurer d'une chose, c'est pas une passion qui rapporte des masses. Enfin bref, le dernier article sur lequel j'ai tiqué c'était une escroquerie. Sur une vieille dame... Du style mère-grand universelle à vous porter des petits gâteaux que vous soyez le grand méchant loup en personne.

Elle releva la tête par réflexe.

-J'en ai eu pour deux semaines de planque non-stop pour dévoiler l'identité. Quand je dis deux semaines c'est que je suis devenue la meilleure amie des clochards du quartier. D'ailleurs sont vachement radins les parisiens quand on regarde bien. Limite s'ils vous font pas dégager à grands coups de pieds.

Elle haussa les épaules.

-Enfin, j'ai appris à vénérer les barres à mine avec ferveur du coup. Ce sont de charmantes petites bêtes qui défendent très efficacement leurs maîtres... Bref j'ai finalement réussi à coincer mon lascard. Bien, la petite vieille est courageusement vengée et moi... Ben comme d'hab je suis dans la merde.

Elle se tourna vers lui.

-Pourquoi me direz-vous? Ben tout simplement parce que cette foutue police n'est pas telle zorro et tornado. Mon lascard était bien trop riche et puissant pour ne pas l'avoir dans la poche. Donc...

Elle fit une révérence.

-Vous avez devant vous un escroc, une terroriste, voleuse de voiture et d'enfants, dealer de drogue... et qui n'a pas payé ses impôts...

Elle reprit sa place.

-Donc si on me voit et que vous sautez quand même, je crois que je pourrai rajouter assassin à mon dossier...

Elle lui fit un clin d'oeil.

-D'ailleurs vous devriez faire attention, vous fréquentez de bien mauvaises personnes très cher...

Le blond resta pensif un petit moment, certainement le temps d'assimiler les informations qu'Erika venait de lui donner.

-En effet ça fait beaucoup de choses à votre actif, du mois sur votre casier judiciaire... l'homme sourit Vous m'avez eu je viens de sourire. Je vous dois donc un dîner. Je vais voir mes enfants cet après midi et ce soir j'honore ma promesse, je vous emmène manger à un petit resto crêperie et rôtisserie "Au Temps Perdu". Bon moi je dois y aller !.

Il sauta sur le balcon d'à coté sans difficultés et avec un certain aplomb

-J'oubliais je me nomme Diguer et je passe vous prendre ce soir à 18 heure 30, au début de la Canebière sur le Vieux Port et qui sait le cirque est en ville, je vous dois bien ça !

Diguer ouvrit la porte vitrée derrière lui. Erika put entendre le bruit d'une porte qu'on vient de défoncer. Les sirènes de la police approchaient il fallait faire vite, comme l'avait dit Diguer son casier étant bien plein il était facile de deviner ce que ferait la police d'elle.

Erika n'eut pas le temps de le rattraper. Elle jura entre ses dents alors que les sirènes retentissaient au loin.

-Shit...

Elle courut hors de l'appartement après avoir soigneusement remis sa capuche, ne laissant ni cheveux ni signes de sa féminité la trahir. Elle ne jeta qu'un rapide coup d'oeil à la porte défoncée non loin de là. Elle débloqua les ascenceurs et les envoya aux étages du dessus avant de s'engouffrer dans les escaliers qu'elle dévalla quatre à quatre (en sens strict du terme ^^), sautant les marches. Elle descendit jusqu'au parking, faisant attention aux possibles caméras... Et elle essaya de sortir par le portail.

Erika se retrouva à l'extérieur, libre comme l'air et se demandant ce qu'elle pourrait bien faire. Ses habits étaient trempés au dernier terme et elle était fatiguée. Elle arriva sur la corniche, s'asseyant en regardant les passants. La jeune femme savait qu'elle avait besoin d'argent, ne serait-ce que pour pouvoir dormir sous un toit et s'habiller correctement. Elle attendit un certain temps que sa victime potentielle arrive, mais la providence fut là. Un jeune prétentieux, accessoirement piétineur de jeunes enfants à ce qu'elle avait pu voir, sentant l'argent et la réussite sociale à plein nez arriva sur sa droite. D'un air placide elle se leva alors qu'il n'était plus qu'à quelques mètres d'elle... et l'embroncha de manière royale, retombant même sur les bancs de béton. Elle prit un air outragé, se relevant en se massant le coccys.

-Vous pourriez faire attention tout de même!

Tentative de vol à la tire

Vol à la tire sur l'homme, difficulté 6. 3 réussite demandée
Groupement de dés: Dex+Picpocket = 6. 4 réussites. Vol réussi sans être détectée. Butin de 460 euros (2 billets de 100, 1 de 200, 2 de 20, 1 de 10 et 2 de 5)

L'homme ne se rendit compte de rien, se retournant même, furibond.

-C'est vous qui devriez arrêter de boire! Poufiasse!

Et il repartit aussi sec en marmmonant, époussetant sa veste d'un air indigné de roi que l'on vient de frôler.

Y'a autant que sur mon compte en banque presque :'(

La jeune femme ne releva même pas l'insulte, préférant rester dans le rôle de soûlarde qu'il venait de lui donner. Elle haussa les épaules en se relevant et changea rapidement de trottoir et de rue avant que l'homme ne se rendît compte de l'étrange absence de son porte-feuille. Elle récupéra les papiers essentiels du style carte d'identité et permis de conduire, les essuya soigneusement et les glissa dans une boîte aux lettres. Ils finiraient ainsi aux objets perdus et il n'aurait donc pas de problèmes pour les récupérer... 460 euros, beau butin.
Elle ne mit pas trop de temps à se dégotter une boutique de vêtements pas trop chers et à son gout. Le C&A sur la cannebière... Elle y acheta un sac marin et de quoi se vêtir, sous-vêtements inclus. Bref un petit nécessaire de survie, maquillage inclus. Maquillage étant un bien grand mot: rimel et gloss...
Elle trouva aussi un hôtel où elle put se retirer pour quelques heures pour quelques euros. Elle avait faim mais sa fatigue le remportait et elle préfèrait garder les restes de cette mane tombée du ciel. Elle était à une rue du point de rendez-vous. Elle mit donc sa montre à sonner pour 17h30... Et se jeta sur le lit pour dormir...

-ZzZzZzZzZzZzZzZzZzZzZzZzZzZzZzZzZzZzZzZzZzZzZzZz

Lorsqu'elle se réveilla elle savoura une douche tiède. Elle attacha ses cheveux à nouveau mouillés et se changea, optant pour un jeans noir et une chemise noire sur un top blanc. Elle se "maquilla", remit ses affaires dans son sac marin et ferma soigneusement sa chambre, gardant les clés. Elle se posta au lieu de rendez-vous avec 5 minutes d'avance. Etrangement elle faisait confiance en ce Diguer pour être là au rendez-vous et pas dans un tiroir de la morgue... Après tout...

Conteur

Diguer arriva à l'heure prévue dans un pick-up immatriculé à l'étranger. Il se gara en double-file, en bon marseillais, se dirigea vers Erika, puis tendit la main pour lui dire bonjour. Il ouvrit la portière passager et l'invita à monter. Erika suivit le mouvement, s'installant et bouclant sa ceinture.

-Je suis passé voir mes enfants cet après-midi, ça m'a fait du bien. Je voulais vous remercier. On va aller boire un coup avant d'aller au resto... On va aller boire une bonne guiness juste à coté, au O'Malley. Ca vous va?

Il démarra et entreprit un demi-tour pas forcément en accord avec le code de la route et alla se garer quelques mètres plus loin devant le pub... Toujours en double-file. Il sortit de la voiture, alla ouvrir la portière d'Erika et arrêta la circulation afin qu'ils puissent traverser. Ils entrèrent dans le pub, allèrent s'installer à une table. Une fois la table choisie et Erika assise, Diguer la regarda dans les yeux

-Je te commande quoi?

Erika apprécia l'ambiance du lieu, malgré la fumée qui donnait un petit coté londonnien. Les Pub irlandais avait ce coté intime que les bars n'avaient pas. Le bois même de leur table semblait propice aux histoires. Elle se permit de se détendre en sa compagnie, pensant de manière furtive qu'entre paumés on ne risquait rien...

-Voyons... Une Wel Scotch s'il te plait...

Les bières trop brunes n'étaient pas agréables pour elle, les trouvant trop amères. Elle se rabattait souvent sur une rousse ou une blanche lorsque la soirée allait être longue. Mais cela faisait tellement longtemps qu'elle n'avait pu sortir qu'elle prit une arômatisée, préférant profiter du moment.

Conteur

Diguer alla chercher commande, il revint une bonne dizaine de minutes plus tard. Pendant ce laps de temps elle put le voir passer derrière le comptoir. Il tenait dans sa main droite une Wel Scoth et dans la gauche une guiness. Il s'assit face à elle, posant sa pinte sur un dessous de verre.

-Je suis désolé mais ils savent pas tirer la guiness ici. Vaut mieux s'en assurer soi-même...

La discussion fut lancée sur la bière et les différents pubs de Marseille et Paris. Le temps passa jusqu'à ce que Diguer se levât et conduisît Erika au pick-up... Bientôt ils étaient garés dans le parking du cours Julien. Ils entrèrent dans le restaurant "Au Temps Perdu". Un garçon les mena jusqu'à leur table, au sous-sol, là où se tenait la section "rôtisserie". Une magnifique cheminée trônait en plein milieu d'un mur et de succulents fumets s'en dégageaient. Diguer et elle étaient installés depuis 1/4 d'heure lorsque ce dernier eut un temps d'arrêt, le regard braqué vers les escaliers. Erika put voir qu'il dévisageait un amérindien accompagné d'une jeune femme semblant avoir les mêmes origines malgré une pâleur plus prononcée. Les deux "mâles" semblèrent se jauger... Et l'inconnu lança le premier sourire avant de s'installer... à l'opposé!

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Erika apprécia les lieux. Cela faisait un moment qu'elle ne s'était pas payé un bon repas dans un restaurant pareil. Le système de rôtisserie dans la cheminée l'avait charmée au premier coup d'oeil. De plus elle commençait à oublier ses tracas parisiens et policiers pour un temps. Elle était en train de parcourir la carte... Et les assiettes de ses voisins lorsque Diguer sembla interloqué par un couple qui venait d'entrer... Elle fut étonnée de la façon dont les deux hommes se jaugeaient, surtout que l'amérindien était vraiment charmant...
La femme avec lui semblait aussi peu au courant qu'elle. Elle lui lança un regard amusé, haussant un sourcil. Elle vérifia que les deux hommes étaient bien concentrés pour faire mine de bomber le torse et de grogner avant de se fendre d'un grand sourire... Elle fut amusée de voir que la femme jouait le même jeu qu'elle, signalant que les hommes pouvaient être un peu fous parfois...

Lorsque l'homme finit par rompre le contact d'un sourire, elle se tourna vers Diguer.

-Vraiment, superbe preuve d'échange de testostérone! Ce sera une côte de boeuf sauce aux cèpes je pense...

Conteur

Diguer la regarda la mine dégoutée

-C'est-à-dire qu'on bosse ensemble et qu'on s'apprécie pas trop. Nous avons deux façons de travailler totalement différentes... Disons qu'il est moins sérieux qu'il ne devrait l'être et trop souvent absorbé dans ses pensées.

Le serveur arriva, prit la commande de ce qui pour lui semblait être deux tourtereaux: une côte de boeuf à point sauce aux cèpes, une côte de boeuf XL sans sauce, juste bleue et une bouteille de bourgogne. Ils discutèrent longuement durant leur repas, Diguer parlant plus de ses gosses qu'autre chose. Erika put jeter un coup d'oeil de temps en temps vers le couple d'amérindiens et s'apercevoir qu'ils avaient l'air de bien s'amuser. Ce n'est que vers la fin du repas que Diguer sortit de sa poche deux billets avec un ballon de rugby dessus.

-Tu te sens un ptit match de beach rugby? Ce soir c'est un match un peu spécial, les meilleurs se rencontrent...

Il paya l'addition et se leva, reconduisant Erika vers le pick-up.

Erika suivit Diguer... Non pas qu'elle fût fan de ce genre de sport mais la plage un soir de juillet alors que la pluie avait cessé serait plus qu'agréable! Elle laissa son compagnon payer la note sans même chercher à en voir le montant, mieux valait pour elle. Lorsqu'ils sortirent du restaurant la jeune femme eut le regret de ne pas avoir pu dire au revoir à l'autre couple, ils lui avaient semblé tellement occupés et pris dans leur discussion qu'elle n'avait même pas osé les approcher pour faire un banal geste de la main... Elle haussa les épaules, peut-être les reverrait-elle au hasard des rues.

-Va pour le beach rugby, mais je vous préviens, j'y connais absolument rien...

Elle lui lança un sourire et attendit qu'il ouvrît la voiture.

Conteur

Diguer ouvrit la portière, laissant Erika s'installer à son aise dans la voiture. Il fit le tour de la voiture en passant par l'arrière, la jeune femme put voir qu'il fouillait dans sa veste. Arrivé à la hauteur de sa propre portière, il l'ouvrit, regarda sa compagne dans les yeux.

-Non pas que j'aime ce que je fais... M'enfin si...

Il sortit sa main de derrière la portière, armée d'un pistolet. Il appuya sur la gachette. Erika sentit une piqûre au bras gauche, avant de sombrer dans le sommeil.

Erika ne comprit pas de quoi parlait Diguer et pendant un instant elle se crut morte... Peut-être un simple homme de main de la dernière personne qu'elle avait mise en défaut. Elle ne put s'empêcher de sursauter lorsqu'il appuya sur la gachette, prête à s'effondrer dans son propre sang, jusqu'à ce qu'elle sentît la piqûre. Elle porta sa main à son bras, délogeant ainsi la fléchette avec un froncement de sourcils. Pendant un instant elle fut soulagée que ce ne soit qu'une fléchette hypodermique en lieu et place d'une balle. Mais son soulagement fut de courte durée lorsqu'elle comprit les implications que cela entraînait... Elle s'en voulait de s'être ainsi laissée berner comme une débutante. La jeune femme avait la folle envie d'ouvrir la portière et de fuir mais elle sentait qu'elle glissait dangereusement dans une torpeur peu naturelle. Elle se savait à la totale et horrible merci de ce Diguer... Si c'était son vrai prénom!!
Sa tête s'affaissa peu à peu alors qu'elle luttait contre la drogue. Elle acceptait peu à peu cette sorte de fatalité mais dans un dernier instant de lucidité une bouffée de culpabilité l'envahit.

*Mais s'il travaille avec l'autre... La jeune femme?*

Et elle tomba inconsciente sur la dernière pensée à la jeune femme inconnue, craignant qu'elle aussi ne se retrouvât dans la même mauvaise passe.